Le Livre en papier • Des pierres et des hommes. Traces mémorielles des deux guerres mondiales à Viroinval de Bernard NAIN

Aboutissement d’une longue recherche entamée il y a plusieurs années, le présent ouvrage poursuit une double ambition : renouveler le regard posé sur les monuments aux morts en revisitant leur histoire et assurer une postérité à chacun des noms gravés sur leurs faces.
Bien que passant bien souvent inaperçus dans le paysage, les monuments aux morts n’en expriment pas moins une histoire commune : la souffrance endurée, les vies brisées et le deuil des familles. Témoins de deux guerres désormais lointaines, ils sont indissolublement liés à l’histoire de chacun de nos villages. Même s’ils ne se distinguent pas toujours par un sens esthétique particulier, ils font partie intégrante du patrimoine architectural local, au même titre que les églises, chapelles, maisons communales, écoles ou autres curiosités. Parmi les remèdes susceptibles de réactiver l’intérêt qu’ils méritent, il faut donner l’envie au grand public de les redécouvrir. Travailler sur leur histoire permet de leur redonner du sens.
L’attention portée sur les seuls monuments équivaudrait cependant à passer sous silence la fonction première qui leur avait été assignée : servir de support aux noms des morts, victimes militaires mais aussi civiles des deux guerres mondiales. À travers eux, les familles et les communautés villageoises tout entières voulaient assurer à leurs disparus la survivance du souvenir individuel dans la mémoire collective. Mais qui étaient ces combattants et ces victimes civiles ? Au sortir des deux guerres, chaque nom gravé dans le bronze ou dans la pierre évoquait le visage d’un être aimé, d’un ami d’enfance, d’un ancien camarade de classe ou de régiment, d’un voisin... Personne n’ignorait les circonstances du décès. Chacun prenait à cœur de partager le chagrin des familles endeuillées. Ce qui était une évidence pour les contemporains ne l’est plus aujourd’hui. Insuffler un peu d’humanité à l’anonymat des noms gravés dans la pierre, faire en sorte qu’ils redeviennent des êtres humains avec une destinée, tel est le second objectif poursuivi dans cette publication.
Puisse cet ouvrage servir à ceux qui souhaitent transmettre la mémoire des deux guerres aux jeunes générations, ainsi qu’à ceux qui, impliqués dans ce qu’on appelle communément « le tourisme de mémoire », voudront disposer de données précises pour finaliser leurs projets. Puisse-t-il également inciter les responsables politiques non seulement à poursuivre l’entretien de ce précieux patrimoine, mais aussi à le valoriser.