Amougies a connu son heure de gloire en octobre 1969 quand le village a accueilli un « festival Pop », le Festival Actuel, sponsorisé par RTL mais refusé tant à Paris qu’à Tournai et Courtrai. Un an après les événements de mai 1968, les Hippies et leur musique faisaient peur. Ce festival a été le premier grand rassemblement de trois courants musicaux : la Pop Music, le Free Jazz et la musique contemporaine. Sur la scène se sont croisés non seulement des groupes comme Ten Years After qui était présent à Woodstock, mais aussi Pink Floyd, Soft Machine, Yes, the Nice, … le tout présenté et parfois accompagné par Frank Zappa.
Dans les années 70, non loin du lieu où se déroula le festival, s’ouvrait le manège Epsom, un centre équestre ouvert au public. Aujourd’hui, ces installations constituent un manège privé, propriété d’une cavalière devenue célèbre, Michèle George. Cette dernière remporta en 2010 une médaille d’argent en free style aux Etats-Unis durant les Jeux Equestres Mondiaux de Lexington. En 2012, elle remporta deux médailles d’or aux jeux paralympiques de Londres avec son cheval Rainman, l’une en dressage et l’autre en free style.
Voilà pour l’histoire récente … mais l’histoire d’Amougies remonte bien plus loin dans le temps, à une époque où l’on ne laissait encore que peu d’écrits et où la tradition se transmettait par voie orale. Une chanson, « la chanson de Liedericq », était encore fredonnée et chantée à Amougies à la « Belle époque », en 1901, quand un historien d’Anseroeul, P-J. Daumerie, eut la bonne idée de la retranscrire ... Il s’agit d’une chanson rimée, de première importance pour l’histoire de la région. Elle est riche en circonstances historiques, résumées par un nom ou quelques mots qui situent l’événement. Cette légende a été reprise par des plumes célèbres comme Alexandre Dumas ou Hendrik Conscience … mais ici, pas de dates – ce qui souvent est une précision ultérieure – mais des noms de rois (Clotaire II, Dagobert Ier) pour poser l’action dans le temps. Les parents de Liedericq quittent la Bourgogne suite à des guerres dans le contexte de la lutte contre l’arianisme. Trouver ce détail mentionné comme cause de ce départ relève donc de la pure vérité et on imagine mal un conteur de chez nous inventer un élément aussi banal en apparence. D’autre part, on ne trouve ce motif repris que dans la vieille version rimée. Dans cette version également, contrairement aux autres, aucune présence de mages et sorciers qui occuperaient la forêt ; rien que les brigands, dirigés par un comte félon habitant Lille, qui pillent les voyageurs traversant la forêt « sans foi ni merci ». La chanson de gestes rapporte donc, d’une manière simple, une suite de faits héroïques mais naturels et bien circonstanciés qui manifestaient la haute origine, le courage, la force de caractère et l’œuvre civilisatrice de Liedericq … un bébé abandonné près d’une source coulant à Amougies, sur les pentes du mont de l’Enclus … un bébé recueilli par l’ermite du lieu vivant dans son ermitage (enclos – kluis en flamand – comme Kluisberg, la traduction de Mont de l’Enclus en flamand) ... un bébé qui, plus tard, demandera justice, vaincra le meurtrier de ses parents et sera nommé « premier Forestier de Flandre » avant de fonder les villes de Lille et de Bruges, rien que ça !
Amougies recèle encore bien des surprises : un village longtemps dirigé par la famille des « Princes de Montmorency » ; un village qui abrite une des plus anciennes églises de la région, les soubassements de la partie romane de l’église Saint-Bavon, datant de l’an 1100 environ ; un village qui a connu la première vague du « tourisme » de la grande bourgeoisie dès 1882, de quoi pouvoir accueillir le « tourisme » de la petite bourgeoise dès la Belle époque vers 1900 et de quoi ouvrir grand les portes des « pensions de famille » pour le « tourisme de masse » des premiers congés payés de 1936, sans oublier le Centre d’hébergement et autres maisons d’hôtes d’aujourd’hui ; un village qui a vécu l’essor de la période industrielle avec l’installation d’une sucrerie dès 1867 et l’arrivée du chemin de fer dès 1869 ; un village qui a connu la reconversion vers l’industrie textile dès 1921 et qui aujourd’hui accueille un commerce de meubles florissant, à la pointe du Design, symbolisé par la sculpture intitulée « Trahiard » installé dans le parc entourant le magasin ,une œuvre de Nick Ervinck (artiste contemporain flamand de Roulers).
Auteur : |
Philippe Duponcheel |
Catégorie : |
Histoire |
Format : |
A4 (21 x 29,7 cm) |
Nombre de pages : |
48 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé, cousu au fil de lin |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-8083-0745-1 |