En guise de mise en bouche...
"Aujourd’hui à l’école de Séraphine, c’est le jour où un élève est choisi au hasard par Mme Grospoussin pour réciter une fable devant la classe. Toute la classe ! Vingt garçons et filles qui vont encore une fois se moquer d’elle. Séraphine Martinet le sait : c’est chaque fois la même chose.
Il faut dire que Séraphine, elle parvient à bien se souvenir de tous les mots de la fable. C’est une histoire de corbeau qui est sur un arbre avec un fromage et le petit renard qui attend que l’oiseau se mette à chanter. Le corbeau, dès qu’il chante, lâchera ce qu’il tient dans son bec. Le fromage tombera dans les pattes du renard qui pourra s’enfuir pour le manger dans un coin. « Pas facile pour un renard de courir à quatre pattes en tenant un fromage », se dit Séraphine. Séraphine, elle est pratique.
C’est une bête histoire.
D’abord, Séraphine n’a jamais vu de corbeau. Ni de renard, d’ailleurs. Ou alors seulement dans les livres. Mais même si elle n’en a jamais vu, ça l’étonnerait qu’une de ces bêtes aime le fromage ! Séraphine, elle, elle n’aime pas ça. En tout cas pas celui qui pue et qui colle aux doigts. Et ça leur donne une odeur de vieille chaussette pas lavée quand on les renifle. Le fromage en tranches, ça va, mais il faut du jambon avec et il faut le mettre dans des tartines.
Séraphine, elle serait étonnée que les corbeaux et les renards mangent des sandwiches au jambon/fromage, eux. Mais elle ne sait rien des habitudes et des goûts des corbeaux et des renards, parce qu’elle n’a jamais vu ni corbeau ni renard en vrai.
« Vous allez apprendre par cœur cette fable pour demain », avait dit Mme Grospoussin à ses vingt et un élèves. Séraphine y est arrivée parce qu’elle a une bonne mémoire. Oh ! Elle arriverait bien à la dire devant tout le monde, cette histoire, mais tout le monde rirait. En effet, Séraphine n’arrive pas à parler clairement. « Tu avales tes mots, Séraphine ! », disait Mme Grospoussin, ce qui faisait bien rire les autres de la classe. « Séraphine, elle mange tout ce qu’elle peut, même les mots ! C’est pour ça qu’elle est grosse ! », ajoutait alors Antoine.
Antoine est bête et il répète tout ce que Dorothée lui chuchote à l’oreille. Le garçon est amoureux de Dorothée, la blondinette, et Dorothée le sait bien. Elle lui fait dire les choses que si elle les disait elle-même, elle serait punie. Alors c’est Antoine qui les dit et c’est lui qui finit au coin pour avoir dit une méchanceté. Mais il ne sait pas que Dorothée dit à tout le monde qu’il est bête, Antoine. D’ailleurs, elle préfère Patrick qui est, lui, un grand de 6ème.
Mme Grospoussin n’aime pas qu’on se moque des gens, surtout quand les gens se mettent à pleurer. Et Séraphine, elle pleure quand on se moque d’elle, parce que Séraphine a un petit cœur tout fragile. On se moque bêtement d’elle parce qu’elle est un peu grosse et rousse (« Les rousses, ça sent mauvais, parce que les rousses pètent ! » avait un jour dit Antoine avant de se faire mettre au coin). (...)"
Auteur : |
François Straelen |
Catégorie : |
Jeunesse |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
88 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-8083-0800-7 |