Le Livre en papier • L'invention Compostelle dans son contexte socio-historique de Jean-Jacques Mercier

Un essai nouveau, profane sur le mythe jacquaire de Compostelle, dans un contexte socio-politique européen des neuvième et dixième siècles, c’est l’invitation de Dr J.-J. MERCIER. « Dans la société de l’époque, dans les royaumes chrétiens de la société ibérique, l’analyse socio-politico-économico-religieuse, nous décrit la construction du mythe dans cette époque troublée de l’Espagne wisigothique. Aux sixième et huitième siècles, le royaume de Tolède est une monarchie théocratique centralisée sous la domination de l’aristocratie foncière. Sur le plan social, l’Eglise joue un rôle essentiel, le trône fait l’objet de luttes incessantes, l’arianisme prédomine jusqu’en 587, année de la conversion du catholicisme du roi Récarède, lequel tente de procéder à l’unification religieuse du territoire (la foi catholique sera proclamée religion d’état). Dans ce régime césaro-papiste, les rois sont élus au terme d’une lutte d’influence où interviennent les trois forces politiques : la monarchie, la noblesse et l’Eglise. Le rôle de l’Eglise wisigothique prend de l’importance au fil du temps dans les différents domaines de la vie sociale, politique, culturelle et économique parce que bien structurée, puissante avec un monachisme florissant et une vie culturelle intense, féconde et créative (puisant aux sources de la culture latine et chrétienne). C’est aussi une époque difficile marquée par les conflits sociaux et une monarchie instable. (Une minorité de privilégiés domine une paysannerie appauvrie, unifiée dans l’oppression et la dépendance…la dépréciation monétaire, les factions nobiliaires, l’aggravation du banditisme, les persécutions contre les juifs, la chasse aux esclaves fugitifs révèlent l’ampleur du malaise politique, économique et social à l’aube du 8e siècle -coïncidence avec ce début du 21e siècle ?-) En 711, la monarchie wisigothique disparaît, les Arabes (Musulmans et Berbères) parviennent à conquérir en quelques années la presque totalité de la péninsule et « phagocytent » la superstructure politique et sociale des Wisigoths, le plus souvent dans l’indifférence générale des populations…..pendant trois siècles, la prépondérance arabe se manifeste. Pratiquement achevée en 715, la conquête arabe de l’Espagne n’est pas totale parce que les terres sont arides, les zones ingrates et aussi parce qu’elle se heurte à de fortes résistances de la part des autochtones de Galice, de la vieille Castille et de la Vasconie. Et puis vint la reconquête. Le royaume asturien va faire de Charlemagne et de Louis, une référence prioritaire et traiter directement avec le pape, manifestant ainsi son hostilité vis-à-vis de la vieille Eglise de Tolède accusée d’ambiguïté avec l’envahisseur arabe…. »