La sélection naturelle est perçue pour de nombreux auteurs comme gérant aussi bien les végétaux, les animaux que les humains en société. La nature ne faisant pas de saut, la théorie de Darwin apparaît universelle aux mondes vivants. Dans son ouvrage La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe, Darwin évoque pourtant la présence d’une « sélection sexuelle » s’ajoutant à la « naturelle » et dissociée d’elle. Si effectivement il y en a deux, pourquoi n’y en aurait-il pas d’autres encore, dont une « sélection civilisationnelle » façonnant les hommes réunis dans la cité, là où la lettre se substitue aux acides nucléiques, le mot au gène et le chapitre de la loi au chromosome ? Ce n’est plus la nature qui sélectionne, mais l’homme qui juge ses congénères en s’appuyant sur un code qui n’est plus génétique, mais moral ou législatif ou les deux associés. Sans que nous en ayant vraiment conscience, la société humaine est constituée de juges et de jugés, et la grande variété des comportements sociaux humains est sanctionnée par les juges comme précédemment la nature sélectionnait le buissonnement de sa production génétique.
Il nous faut déchanter, la société construite autour de la morale religieuse ou de la loi administrative ou des deux n’est plus vivante, elle est d’une nature radicalement différente, elle est civilisée. Et si la société des hommes n’est plus gérée par la sélection naturelle, mais par une autre civilisationnelle, désormais l’ordre de la nature ne peut plus être un référent pour ceux qui sont chargés d’écrire la constitution ou d’envisager l’organisation de la société.
Auteur : |
Jean-Pierre Ehm |
Catégorie : |
Ouvrages scientifiques |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
230 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-95655-845-3 |