Il y a les fleurs, il y a les arbres, il y a les oiseaux. Toutes les fleurs avec chacune leur nom. Il savait tout : la boisson qu’on faisait avec les feuilles du frêne, le suc qu’on tire des bouleaux au printemps…Ciguë, ombellifères, digitales, douce musique en finales muettes de ce français wallon, la voix traînant un peu, qui entraînait au rêve. Jean le trouvère de Pâques, année plus que bénie. Dans la forêt des princes de Croy les jeunes feuilles qu’il touchait, caressait suivant les courbes, marquant les signes à quoi les reconnaître ; et puis soudain, le visage éclairé d’un sourire d’enfant : « -Ecoutez ! L’alouette… »Jean-Baptiste poète et vivant par les mots, les mots sans cesse, ainsi qu’ils lui venaient aux lèvres, car « tout commence par l’émotion ». Son voyage au bout de la nuit, il l’avait cheminé pendant cinq ans de guerre, comme l’écrivain Céline qu’il savait par cœur. Brûlé par ses horreurs et la santé détruite, que restait-il d’autre dans les ruines du rêve que ces retrouvailles éperdues avec la lumière de l’enfance, l’herbe neuve, la fraîcheur du vent, loin de la suie du Borinage, cet autre monde des mots, celui des contes de fées retrouvées, avec sa Fée Margot et d’immenses lectures, celui de sa propre écriture, quotidienne, secrète, grâce aux mots les plus simples, nés de soi, petite musique qu’on essaye ; et sans arrêt on recommence en jeu de gammes du cœur, en arabesques à fixer le temps, à présenter, à rendre présent à jamais les souvenirs ?Ecrire comme on respire. L’accord parfait, l’entrée en paradis. Bien sûr, parfois, ponctuation, syntaxe partaient au diable…Ecrire c’est s’en aller. Après Céline – et combien d’autres maîtres – Jean- Baptiste revint à l’eau pure du français de Sido, des Vrilles de la Vigne, de la Maison de Claudine, source de vie et de la seule divinité païenne, née de la terre, la grande Colette, qu’il vénéra.A preuve ? Cette simple vision, nouvelle madeleine de Proust, qui l’arrête, lui rend d’un coup toutes ses années d’enfance : les sillons tracés dans les briques de l’école par des générations d’élèves avant lui, et comme lui, aiguisaient leur stylet d’ardoise avant d’entrer.L’ écriture…Colette aussi aurait vu ça.Lisons donc, relisons avec la piété qui convient, toutes les traces que Jean-Baptiste Mouffe laisse d’un Petit Prince jamais devenu vieux.Et chaque année on s’écrivait à Pâques…Joyeuses Pâques encore ! A bientôt, mon Ami.
Michel Montfort - Dimanche des Rameaux 2014
Auteur : |
Jean-Baptiste Mouffe |
Catégorie : |
Poésie |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
142 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-39017-132-4 |