C'était une belle fin d'après-midi d'été. Assis sur l'herbe, au bord de la falaise, je savourais Le spectacle que la nature m’offrait. j'étais entouré de fleurs sauvages sans prétentions et très jolies dans leur simplicité : marguerites, boutons d'or, coquelicots. Le ciel vierge de tout nuage formait une voûte d'un joli bleu au-dessus de la mer calme ou seuls quelques « vauriens » animaient une régate; les embarcations semblaient glisser sur cette grande mare qui en cette période de l'année a très bon caractère et ne forme que quelques petites vagues pacifiques qui viennent mourir sur le sable pour la joie des enfants sur les plages.
Nous venions souvent Monique et moi sur le bord de cette falaise qui domine la ville. Elle aimait la nature autant qu'elle détestait la vie citadine. Parmi nos nombreux projets, était celui d'acheter une maison à la campagne dès que nos moyens nous le permettraient. Hélas, ce vilain crabe l'emporta avant que l'on puisse réaliser ce projet.
Officier de police au commissariat de Police du Havre, détaché auprès du sous-Préfet. j'ai demandé ma mutation hors de cette ville afin de fuir tout ce qui peut me rappeler ma chère épouse, et me rendre nostalgique ; thérapie nécessaire, selon mon psy,
pour soigner cette terrible dépression nuisible pour ma santé d'une part et secundo qui a des répercussions dans le cadre de ma profession. J'ai été en arrêt maladie deux longs mois. Actuellement encore dépressif, mais à moindre intensité, car sous anxiolytiques, c'est ce qui m'a permis de reprendre mon travail en attendant de savoir si une suite favorable sera donnée à cette demande de mutation.
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Paisible, dans ce cadre bucolique, j’observais la ligne d'horizon qui, lentement, avalait sans vergogne cette grosse boule rouge qu'est le soleil sur le déclin, celui qui nous avait réchauffé toute cette belle journée et avait permis à de nombreuses personnes de s’adonner aux joies des jeux de bord de mer et aux baignades; aspirant cet air iodé salutaire pour la santé.
L'astre salvateur, sans qui nos vies ne pourraient exister, avait été englouti et mon attention, relâchée après ce beau spectacle, fut attirée par un homme relativement jeune qui avançait tel un automate; chaque pas était saccadés, réguliers. L'homme regardait, comme moi, quelques instants plus tôt, la ligne d’horizon avec la tête haute et les yeux fixes. Je n'y portais que peu d'attention, mais mes sourcils se mirent en accents circonflexes lorsque je réalisais que l'homme avançait toujours et que le vide des cent mètres de la falaise était tout proche. Après tout de quoi me mêlais-je ? Mais oui je devais m'en mêlé lorsque je vis qu'il ne restait plus que deux mètres avant le gouffre et que mon automate avançait toujours.
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Allongés tous les deux dans l'herbe je le tenais toujours fermement, ma respiration était haletante après l'effort fourni pour le maîtriser car le gaillard était dans la série des poids mi-lourds. Son visage était celui d'un homme d'une quarantaine d'années, Ses traits étaient marqués; certaines rides du front plus accentuées, signes d'anxiété, mais malgré tout ce visage respirait la bonhomie, il n'avait rien de rébarbatif. Je me relevai lentement et lui tendis la main afin qu'il fasse de même.
Eh ! Bien, vous pouvez dire que vous m'avez fait une sacrée trouille, quel est votre prénom ? Alex enfin Alexandre, mais tout le monde m'appelle Alex.
Alors,ça va allez mieux maintenant Alex ?
Ça ne pourra plus jamais aller bien de toute façon. Sans votre intervention, à l'heure actuelle tous
mes tourments auraient disparus, mais je dois malgré tout vous remercier de votre courageuse immixtion qui m'a permis de revenir à la réalité car je n'étais plus maître de moi, mon cerveau faisait une fixation sur un geste à accomplir, geste fatal comme vous avez pu le constater. J'étais comme programmé et ne pouvait maîtriser mes réflexes.
Oh ! Vous savez il n'y a rien de glorieux dans mon geste et si je comprends bien vous vouliez mettre fin à vos jours donc je suppose que votre déprime était à son acmé pour en arriver à ce geste. Il ne répondit pas, il avait un air songeur.
Auteur : |
Daniel Hardy |
Catégorie : |
Romans & Essais |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
113 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-39017-142-3 |