Nous étions déjà des tailleurs de pierre lorsque nous devînmes des humains debout à jamais, bavards comme des pies. C’était il y a deux millions d’années. Yves Coppens disait que dès que l’Homme devient Homme, il est pleinement Homme1. Cet essai prend Yves Coppens au mot. Pleinement Homme : bipède intégral, doté du langage articulé2, vocal, nominal, verbal et syntaxique, maîtrisant le feu, curieux de l’au-delà des horizons, créateur de symétrie, sensible à la poésie du monde, fasciné par le spectacle de catastrophe comme aucun autre animal ne le fut, ne l’est, ne le sera.
Ce postulat est déduit de la découverte d’un phénomène rarissime ayant probablement affecté il y a 36000 ans le cratère-lac d’Issarlès, en Ardèche, découverte déduite, elle, de la lecture d’une fresque de la grotte Chauvet-Pont d’Arc : le panneau du Mégacéros. Cet ensemble de signes inscrits sur une paroi de la grotte évoque, sous forme de gerbes blanches, une violente éruption hydro-gazeuse, sans expulsion de lave. Une expertise scientifique aux abords de ce cratère a validé cette interprétation. Si elle était confirmée, cela signifierait qu’une syntaxe commune relie la langue de l’auteur du récit pictural paléolithique à celle de son lecteur d’aujourd’hui.
1 PRE-LUDES. Autour de l’homme préhistorique . Éditions Odile Jacob, 2014. Page 83 Yves Coppens écrit : Quand il devient humain, il est tout de suite humain à part entière. Cependant, Yves Coppens nous explique dans L’Histoire de l’Homme (Odile Jacob, 2010, pages 60 et 61), que l’Homme ne cesse d’apparaître. Les caractères morphologiques, psychiques et sociaux qui le distinguent sont le fruit d’une longue évolution différentielle.
2 Articulé : parler humain revient à assembler des unités de langage vocal pour créer une infinité de pensées dont le partage forme la société humaine.
Le langage humain serait-il né de l’impérieux besoin de partager impressions, sentiments, angoisses, fascination et raisonnements devant le spectacle éruptif ou le spectacle de catastrophe ? Jouer avec le feu pourrait bien en être l’une des conséquences les plus décisives pour le développement de la conscience humaine.
La méthodologie de l’anthropologie est interrogée en cinq chapitres à partir de la curiosité pour un territoire que l’essai propose comme matrice de conception des fresques de la grotte Chauvet-Pont d’Arc : les anciennes provinces volcaniques du Vivarais et du Velay, l’Ardèche et la Haute-Loire actuelles.
Travaillée depuis 2013, cette interrogation est formulée ici dans le cadre d’une lecture de l’ouvrage du professeur Harald Haarmann, L’énigme de la civilisation danubienne, civilisation néolithique que ce linguiste et préhistorien présente, à la suite de l’archéologue Marija Gimbutas, comme la plus ancienne civilisation européenne. La note de lecture s’attache aux concepts de culture, de civilisation et de territoire pour l’Europe depuis Néandertal, réflexion induite par l’interprétation du panneau du Mégacéros.
Les idées et hypothèses relatives à l’art pariétal paléolithique exposées dans cette étude ont conduit à une observation originale de l’art roman du Puy-en-Velay et de la tradition des géants et des dragons dans le folklore belge et du nord de la France. Ces deux ensembles distants de près de 1000 kilomètres sont inscrits dans le patrimoine mondial de l’UNESCO, comme les fresques de la grotte Chauvet-Pont d’Arc.Télescopage géographique, historique ou conceptuel ? Au lecteur de juger.
L’ouvrage de Harald Haarmann propose un jalon majeur, néolithique, pour cette rétrospection inédite du fil de l’histoire européenne entre le Moyen-Âge et le Paléolithique supérieur.
Auteur : |
Frédéric Lavachery |
Editeur : |
URITTaz-Goma |
Catégorie : |
Sciences humaines - Psychologie |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
132 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-8083-2213-3 9782808322133 |