Les habitants de Beauvallon l’admettaient embarrassés ! Même si, avec la forêt et les champs qui l’entouraient, leur village ressemblait à n’importe quel autre hameau, Beauvallon était cependant le dernier endroit sur terre où un étranger devait s’aventurer.
Ainsi, furent-ils surpris lorsqu’à l’approche du crépuscule, un inconnu pénétra dans leur bourgade à la recherche d’un abri pour la nuit.
Malgré de faibles lueurs filtrant de dessous les portes et d’agréables odeurs de soupes s’échappant des maisonnettes, toutes demeurèrent closes. Les villageois étaient trop effarouchés et personne ne se soucia du devenir de l’intrus. Le malheureux traversa Beauvallon sans qu’aucun habitant n’ose lui porter assistance.
C’était grâce à cette extrême prudence que les Beauvallonnais survivaient depuis des générations, s’isolant volontairement du reste du monde.
Situé au creux d’un vallon boisé et fertile, irrigué par un petit ruisseau qui rejoignait un affluent de la Meuse, le Comté de Beauvallon, autrefois prospère, dépérissait lentement.
Quelle raison poussait les Beauvallonnais à agir de la sorte ? Une peur irrépressible, étroitement liée à l’édifice qui dominait leur vallée. Année après année, l’abbaye de Beauvallon était devenue une prison infernale pour les malheureuses âmes perdues qu’elle détenait.
La nuit pointait. Épuisé par de longs jours de marche, le pauvre homme arriva à un carrefour et bifurqua sur la droite. Sous une pluie battante, déversée par un ciel apocalyptique, il entama l’ascension de l’unique chemin boueux qui menait à l’abbaye, dont il avait entendu les cloches résonner au loin. La route exiguë serpentait le long des flancs escarpés d’une colline. En choisissant le sentier de droite plutôt que celui de gauche qui l’aurait conduit au château, l’étranger commit la dernière erreur de sa vie. Personne ne le revit, tout comme d’autres avant lui, car le lieu de culte n’assurait plus son rôle de refuge sécurisant. Les murs qui l’entouraient avaient été surélevés et épaissis, d’étroits barreaux condamnaient les fenêtres et il se murmurait que les moines avaient aménagé des pièces secrètes au sous-sol. L’abbaye se barricadait, bien plus pour éviter à ses prisonniers d’en sortir, que pour empêcher des envahisseurs d’y pénétrer.
Auteur : |
Donatienne Gautier |
Catégorie : |
Romans & Essais - Fantastique |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
382 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-8083-2452-6 9782808324526 |