« Dessine ! » est un récit autobiographique où l’auteur, Jan Hesh, se raconte et raconte comment le dessin à toujours fait partie de sa vie.
Déjà enfant, un simple trait de crayon parvenait à me fasciner.
Par temps de pluie, lorsque ma tante ne pouvait m’envoyer jouer au jardin, elle m’installait à la grande table de la salle à manger avec un tas de feuilles blanches, un crayon noir, un taille crayon et une gomme. Dessine ! disait-elle. C’était, apparemment, le moyen qu’elle avait trouvé pour m’empêcher de courir partout dans la villa et de créer du désordre. Je n’étais pas dupe, mais hypnotisé par le tracé qu’imprimait la mine de plomb sur la surface pâle, je pouvais rester tranquille un certain temps à tenter de maîtriser une main maladroite.
Parfois, j’avais un modèle : un écureuil empaillé qui avait l’air de s’être figé pour l’éternité sur un morceau de branche morte ou le buste en plâtre d’un illustre aïeul à la moue méprisante. Le plus souvent, mon imagination me fournissait des sujets en pagaille. Et peu importait le résultat : ma tante Héloïse jetait un regard distrait sur mes griffonnages avant de feindre de les ranger délicatement. Je n’ignorais pas qu’ils finissaient à la poubelle avec les restes des repas de la journée. Mon éducation exigeait que je ne me plaigne qu’en cas d’extrême nécessité. Il aurait donc été inconvenant que je pleurniche pour quelques feuilles crayonnées à la hâte mais dans lesquelles pourtant je m’étais investi corps et âme. Aucun artiste chez les Van L. (les De Longchamps des Flandres) pour compatir à ma douleur muette. Il y avait bien dans une pièce, un beau piano noir brillant. Cependant, ma tante considérait le fabuleux instrument comme n’importe quel bibelot. Les quelques notes qui en sortaient fortuitement étaient souvent l’œuvre de la femme de ménage qui en prenant les poussières sur le clavier pressait une touche par inadvertance. A l'époque, mes références picturales, c'étaient de grandes toiles sombres accrochées dans les couloirs : des scènes de chasse à courre du 19e, de la Renaissance – dont deux ou trois étaient authentiques –, et des natures mortes écœurantes représentant faisans, lièvres et pintades gisant dans leur sang alignés sur des tables de chêne entre navets et choux fleurs, de belles et grandioses scènes d’horreur.
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Auteur : |
Jan Hesh |
Catégorie : |
Biographies, Mémoires - Autobiographies |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
266 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-8083-3204-0 9782808332040 |