J’étais venu à Dunkerque pour un Guido Reni. Comment un tel tableau avait-il pu échouer à Dunkerque ? Il est vrai qu’on peut tout trouver dans un port, un port comme celui-là, même s’il en est de plus ténébreux. On peut aussi tout espérer de la collection patiemment amassée d’un industriel du Nord, mais le vendeur n’était pas un industriel, seulement un marchand, pas même un petit antiquaire, plutôt un brocanteur. Le tableau ne m’avait tout d’abord pas fort convaincu. On me l’avait présenté dans une mauvaise lumière et son propriétaire m’avait paru suspect : un vieil homme maniéré, peut-être argentin, au regard trouble de consommateur d’opium. Je m’étais demandé ce qui avait pu conduire cet homme d’un âge certain à ressembler à ce masque fardé sur fond de rides, sous une calotte de cheveux faussement blonds, une écharpe de soie rouge à motifs vert et jaune nouée dans l’encolure d’un veston avachi de velours noir. Veston porté sur un maillot de corps et un pantalon de coton blanc, d’ailleurs défraîchi.
Auteur : |
Yves-William Delzenne |
Editeur : |
Samsa srl |
Catégorie : |
Littérature générale |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm) |
Nombre de pages : |
150 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
9782875935946 |