Tout commença quand, enceinte jusqu’aux dents de ma fille, je me fis aborder par Anne-Sophie, une vieille copine d’école et de planches.
« Ça alors, ma vieille, ça fait un bail… et mariée… et enceinte… et cette histoire de “seule en scène” que tu devais m’écrire, toujours intéressée ? »
Oui, bien sûr, toujours intéressée, n’était-ce que je ne l’avais plus vue depuis des années, que mon écriture s’était plutôt orientée vers les histoires pour enfants, et que j’avais la tête pleine de mots comme « péridurale », « monitoring », « meurtres d’infirmières » et autres joyeusetés. Qu’à cela ne tienne, ma fille à peine née de trois mois, ma joviale copine me relança :
« Bon, tu oublies le “seule en scène” pour le moment, j’ai autre chose à te proposer. Figure-toi que notre directeur, John, voudrait monter une pièce pour enfants, mais qui puisse aussi amuser les adultes, tu vois ? Quelque chose d’un peu magique peut-être… Il a pensé adapter un téléfilm ou un livre, mais si tu as une idée de création, il est partant. »
Et voilà, j’étais piégée. L’allaitement, n’en parlons plus, et l’idée qui me trottait depuis des mois dans la tête et qui ne voulait pas sortir trouva son exutoire. Elle jaillit en dialogues et en décors. Alors, je les rencontrai tous. Le directeur, emballé par l’idée, me donna trois mois pour la concrétiser. Les acteurs supposés : Anne-Sophie et trois enfants assez « étonnants ». Je devais encore penser à un rôle masculin. Ainsi qu’à un autre rôle d’enfant ou d’adulte. À voir — j’aime quand on est précis ! La durée ? Une heure à peu près.
L’histoire… « Qu’as-tu dit ? Des parents vont se laisser convaincre par leurs rejetons que la magie est réalité ? Que le surnaturel existe ? Chouette ! »
Et voilà comment je fus refaite. Littéralement, parce que, le rôle masculin, ce fut mon pauvre mari qui le joua, que le sixième rôle fut attribué à ma baby‑sitter, qu’ils adorèrent mon texte — comme ils étaient gentils ! — et que je me retrouvai une nouvelle fois enceinte jusqu’aux dents, prête à accoucher d’un jour à l’autre, sans mari et sans baby-sitter — merci, Buffet Froid ! — en train de stresser pour mon enfant chéri — mais non, pas ma fille ! « ma » petite pièce ! — la tête pleine d’envies de meurtres d’infirmières, de péridurales, de monitorings et, pour couronner le tout, une furieuse aspiration à remonter sur les planches.
Lémonia Palmantouras
Auteur : |
Lémonia Palmantouras |
Editeur : |
L'imagitateur |
Catégorie : |
Littérature générale - Théâtre |
Format : |
A5 (14,8 x 21 cm portrait) |
Nombre de pages : |
80 |
Couverture : |
Souple |
Reliure : |
Dos carré collé, cousu au fil de lin |
Finition : |
Brillant |
ISBN : |
978-2-930981-01-7 |